L'odorat : ce sens oublié qui soigne l'âme et le corps

Schéma du système limbique

Introduction : Sentir, c’est vivre.

Dans une société moderne qui privilégie l’image et le bruit, l’odorat reste le grand oublié de nos cinq sens. Pourtant, il est notre sens le plus archaïque, celui qui nous relie à nos instincts, à nos émotions les plus profondes… et parfois même à la guérison. Loin d’être un simple caprice sensoriel, l’odeur peut influencer notre comportement, notre santé, notre créativité et même notre spiritualité.

L’odorat est un sens ancestral jouant un rôle crucial dans la survie animale en influençant vigilance, alimentation et reproduction. Chez l’homme, bien que son importance ait diminué par rapport à d'autres sens comme la vision, il reste un mode de communication et de perception essentiel. La perception des odeurs repose sur des molécules volatiles, dont la masse moléculaire doit être comprise entre 30 et 300. 

Ces molécules sont captées par la muqueuse olfactive, transmettant ensuite l’information au cerveau via le bulbe olfactif, jusqu’au thalamus et l’hypothalamus, région en lien avec les fonctions hormonales et émotionnelles.

Des expériences ont révélé que la perception des odeurs varie selon les individus. Par exemple, 10 % de la population ne perçoit pas le musc, et 50 % ne détectent pas l’androstérone, hormone sexuelle masculine. La mémoire olfactive est particulièrement résistante au temps et fortement liée aux émotions, comme l’illustre le "syndrome de Proust" : une odeur peut raviver des souvenirs enfouis.

Contrairement aux idées reçues, l'odorat humain est sophistiqué. Une étude de l’université de Pennsylvanie a comparé la sensibilité olfactive de l’homme et du chien. Si les deux espèces détectaient l’odeur d’alpha-ionone (violette) à forte concentration, le chien restait sensible même à une dilution mille fois plus faible, démontrant une plus grande acuité mais une capacité moindre à différencier les odeurs.

Les odeurs influencent fortement nos émotions et notre comportement via le système limbique, une région cérébrale archaïque connectée aux instincts primaires et aux mécanismes émotionnels. Des études électroencéphalographiques ont montré que les odeurs provoquent des réactions cérébrales similaires à celles des émotions. La médecine orientale associe également chaque organe à une odeur spécifique, illustrant l'impact des parfums sur le bien-être.

Enfin, bien que l’homme ait développé d'autres formes de communication, il existe des phéromones humaines influençant inconsciemment nos interactions et émotions. L’odorat, loin d’être un sens secondaire, demeure un puissant vecteur de mémoire, de perception et de communication sensorielle.

1. L’odorat, un sens ancestral et vital.

Dès la naissance, le nourrisson reconnaît l’odeur de sa mère, un lien olfactif qui garantit la survie et l'attachement. Ce sens repose sur des molécules volatiles, captées par la muqueuse olfactive, puis transmises au cerveau limbique, siège des émotions, de la mémoire et de la motivation.

Par exemple, des chercheurs ont identifié :

  • 542 molécules odorantes dans le café

  • 251 dans le whisky

  • 228 dans la pomme

Des chiffres impressionnants qui témoignent de la complexité du langage olfactif.

Mémoire et émotions : le "syndrome de Proust".

Une simple odeur de madeleine suffit à raviver des souvenirs d’enfance enfouis : c’est ce qu’on appelle le "syndrome de Proust". Contrairement à la mémoire visuelle, la mémoire olfactive est quasi éternelle.

Communication invisible

2. Phéromones, sexualité et communication invisible.

Les expériences de Jean-Henri Fabre au XIXe siècle sur les papillons bombyx ont prouvé l’importance vitale des odeurs dans l'accouplement : sans antennes, les mâles ne retrouvaient plus les femelles.

Chez l’homme aussi, l’odorat influence nos relations :

  • Winnifred Cutler et George Preti (1990) ont montré que les odeurs masculines pouvaient influencer le cycle menstruel féminin.

  • Certaines personnes ne détectent pas l’androstérone, une hormone sexuelle masculine : preuve que la perception olfactive varie et touche aussi l'intimité.

3. Les odeurs au service du marketing : du sacré au portefeuille.

Depuis l’Antiquité, les parfums jouent un rôle spirituel majeur. La Bible elle-même donne des instructions précises sur la fabrication d’huiles sacrées, comme dans Exode 30:22. Le geste de Marie-Madeleine, qui parfuma Jésus avec un nard précieux, symbolise cette tradition. Les mystiques, lors de leurs extases, témoignaient de senteurs célestes, comme sainte Thérèse d’Avila dont le corps exhalait des parfums de rose ou de jasmin après sa mort.

Les odeurs de sainteté évoquent des êtres emplis d’amour et de pureté, dégageant naturellement des effluves floraux. Sainte Thérèse de Lisieux, par exemple, promit de faire "pleuvoir des pétales de rose" après sa mort.

Mais l’odorat a aussi une fonction sensuelle. Depuis toujours, les parfums sont liés à l’érotisme, évoquant la séduction. Pourtant, ce pouvoir ne vient pas uniquement de la fragrance elle-même, mais de la façon dont elle réveille notre inconscient. Le musc, utilisé pour la méditation par certains sages, peut aussi éveiller un désir charnel. L’odeur agit directement sur le cerveau limbique, sans passer par les filtres rationnels, déclenchant une réaction émotionnelle immédiate. Les phéromones illustrent cette communication chimique. Découvertes d’abord chez les insectes et poissons, elles déclenchent des comportements réflexes sexuels. Les expériences de Jean-Henri Fabre au XIXe siècle ont montré que les mâles bombyx, privés de leurs antennes (organe olfactif), ne retrouvaient plus les femelles, prouvant ainsi l’importance des odeurs.

Chez les mammifères, les phéromones servent aussi à marquer le territoire ou reconnaître ses petits. Chez la brebis, l’odeur de son agneau est mémorisée à la naissance grâce à une activité neuronale spécifique.

Chez l’humain, certaines anosmies sont liées à des troubles hormonaux. Des chercheurs comme Winnifred Cutler et George Preti (1990) ont suggéré que l’odeur masculine pourrait influencer le cycle menstruel féminin. Cela laisse penser que les humains pourraient encore percevoir et émettre des phéromones.

Enfin, notre société, tout en étant fascinée par les parfums artificiels, tend à nier nos propres odeurs corporelles. Cette volonté de masquer nos effluves naturels pourrait être une tentative de se distancer du règne animal.

Avec le raffinement des sociétés, les parfums ont été détournés de leur usage sacré pour devenir un outil de séduction et de consommation. De nombreuses entreprises exploitent ce pouvoir olfactif à des fins commerciales, en parfumant des produits de tous les jours (lessives, after-shave, pain, tabac), influençant ainsi inconsciemment les choix des consommateurs. L’adage « l’argent n’a pas d’odeur » est remis en question : les odeurs peuvent bel et bien générer de l’argent.

Les noms de parfums comme Poison, Opium, Égoïste exploitent des traits psychologiques collectifs. Il existe une forte interactivité entre les odeurs et les sentiments. Ce lien réciproque est peu exploité dans des contextes éducatifs ou sociaux, bien que son potentiel soit considérable.

4. Synesthésie : quand sentir devient art

Certains artistes ont eu recours à l’odorat pour stimuler leur génie créatif :

  • Guy de Maupassant : faisait macérer des fraises dans de l’éther pour écrire.

  • Friedrich Schiller : gardait des pommes pourries dans son tiroir.

  • Richard Wagner : recevait des parfums de Paris pour nourrir son inspiration musicale.

  • Baudelaire écrivait : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ».

Cette capacité à croiser les sens s’appelle la synesthésie. Elle révèle que développer l’odorat réveille aussi notre intuition et notre cerveau droit, siège de la créativité et de l’imagination.

5. Aromathérapie : soigner l’âme par les odeurs.

L’aromathérapie, loin d’être une simple mode bien-être, repose sur des bases scientifiques solides. Selon le chercheur Philippe Mailhebiau, chaque sentiment a une odeur. En stimulant le bon parfum, on peut :

  • calmer l’anxiété

  • renforcer la confiance

  • soutenir le deuil ou l’épuisement

  • équilibrer les émotions

L’aromathérapeute ne soigne pas seulement un symptôme, il rééquilibre l’être dans sa globalité, reliant le physique, le psychique et le spirituel.

Un trés bonne example est Gilles Fournil qui est un thérapeute transpersonnel, énergéticien et somatologue passionné par l'évolution de la conscience. En 1992, il a créé l'Olfactothérapie, une méthode psycho-émotionnelle qui utilise les odeurs, les vibrations de certaines huiles essentielles et le toucher pour aider les individus à identifier et apaiser les nœuds émotionnels du passé qui influencent leur présent.

L'Olfactothérapie repose sur le lien direct entre l'odorat et le système limbique, siège des émotions et de la mémoire. En stimulant ce système par des odeurs spécifiques, notamment celles des huiles essentielles, cette approche facilite l'accès à des souvenirs enfouis et favorise la libération des blocages émotionnels. La méthode vise également à harmoniser les centres énergétiques et à offrir des clés pour être en paix avec soi-même et avec le monde, en donnant du sens à l'existence.

6. Apprendre à sentir : un chemin vers la guérison.

L’odorat est un muscle sensoriel : plus on l’utilise, plus il devient précis. Il est possible de l'entraîner avec des exercices simples :

Exercice sensoriel

Laisse ton corps sentir la musique… et ton âme écouter les odeurs.

Exercice sensoriel :

  1.  Installez-vous confortablement sur un divan ou un fauteuil puis faites une courte séance de conditionnement respiratoire.

  2. Écoutez une belle musique, si possible une musique sans paroles et qui inspire plutôt le calme. Disposez à portée de la main un flacon d'Huile Essentielle douce.

  3. Prenez, quand vous avez atteint une certaine sérénité, votre flacon d'Huile Essentielle et respirez-le à fond pour le sentir pénétrer dans tout votre corps. 

  4. Simultanément, efforcez-vous d'écouter attentivement la musique. Vous devez en arriver à un point où l'intensité de vos perceptions sonores et olfactives s'équilibre parfaitement.

Avec le temps, vous pourrez "sentir la musique" et "écouter les odeurs" — un processus puissant de reconnexion intérieure.

À partir de là, vous pourrez expérimenter dans tous les domaines. Il vous reste à vous promener dans la campagne ou la forêt et tendre le nez!

7. L'écologie du nez : un outil pour l’avenir.

Certaines personnes, appelées "nez", sont capables de détecter des polluants à des concentrations infimes. C’est une compétence en développement dans les domaines :

  • de l’écologie

  • de la sécurité alimentaire

  • de la cosmétologie naturelle

Une nouvelle approche, appelée instinctothérapie, propose de retrouver un dialogue sensoriel avec la nature, en écoutant son corps par l’odorat pour choisir ses aliments ou remèdes.

L’odorat est une voie royale vers l’intuition, la santé et la créativité.

Réhabiliter nos odeurs naturelles

Conclusion : Réhabiliter nos odeurs naturelles.

Nous vivons dans un monde aseptisé où nos odeurs naturelles sont dissimulées, masquées, parfois niées. Pourtant, c’est à travers elles que nous nous révélons, que nous aimons, que nous vivons. Sentir, c’est entrer en lien profond avec soi-même et avec le monde.

Il existe un nombre considérable de molécules aromatiques et chaque jour l'on en découvre de nouvelles par diverses investigations analytiques toujours plus performantes. Ceci démontre l'extraordinaire complexité du métabolisme végétal et combien ses ressources sont infinies.

Ainsi, l'aromathérapie prend tout son sens; étant donné que chaque sentiment possède une odeur, il est possible d'éveiller par un parfum le sentiment correspondant. Le sachant, l'aromathérapeute a la possibilité de guider et d'éduquer ses patients à l'aide des essences qu'il leur administre selon leurs besoins et leur évolution. Il ne se contente plus de traiter leurs symptômes, il modifie le terrain du malade en rééquilibrant les liens psychosomatiques par la dynamisation de son potentiel spirituel.

Selon Mailhebiau, “notre approche de la nature et, dans le cas présent, des plantes aromatiques, nous conduit également à penser que des liens subtils et, non seulement biologiques, unissent le microcosme et le macrocosme, impliquant chaque règne dans l'évolution des autres et établissant entre ceux-ci des phénomènes de correspondances qui, judicieusement exploités, peuvent contribuer au rétablissement de l'harmonie d'une partie ou de l'ensemble du biotope naturel dans lequel nous nous inscrivons”. 

L’odorat est une voie royale vers l’intuition, la santé et la créativité. Il est temps de réhabiliter ce sens sacré et d’explorer son pouvoir guérisseur – dans nos vies personnelles comme professionnelles. 


Vous souhaitez en savoir plus sur l'impact des odeurs naturelles sur votre bien-être ?

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